Voici deux critiques qui font plaisir (les autres lues jusqu'ici sont du même tonneaux; merci à vous) :
Cet épisode reste dans le même concept que le précédent. Après nous avoir préparer à une échéance que l'on devine sans équivoque et en faisant courir une intrigue sur l'identité de celui qui va tenter de dérouter le convoi, il fait de nouveaux sauts dans le passé pour en justifier quelque part les évènements prochains. A cet égard, Kid Toussaint gère son histoire toujours avec le même sérieux et surtout avec la même fidélité aux faits historiques (cet assaut a réellement eu lieu dans la nuit du 19 avril 1943). A la manière d'un puzzle, l'auteur juxtapose de façon volontairement désordonnée, des tranches de vie (de la guerre 14-18 à la préparation de l'assaut du convoi) ayant un lien, cette fois-ci, avec le personnage clé de cet opus, Theo. Aussi, au fil des pages, alors que l'on croise à plusieurs reprises cet autre personnage essentiel qu'est Olya et en fin, Wilhem, on finit, à la suite d'une petite gymnastique, à saisir tout le fondement de ces histoires familiales.
Compte tenu du sujet et de la nature des faits contés, il va de soi que l'émotion est au rendez-vous. Kid Toussaint parvient, de par la teneur dramatique de son récit, à rendre parfaitement convaincantes les trois destinées et la façon dont elles se sont croisées. A n'en pas douter, on ne peut qu'adhérer à son travail qui repose sur une volonté de garder en mémoire un épisode de représailles particulièrement inhumain qu'il a su traiter au moyen d'une très bonne fiction.
Le travail de José Maria Beroy se veut également de très grande qualité. Hormis l'effet documentaire qui ne fait aucun doute, ce dernier démontre la toute puissance de son trait à œuvrer dans le réalisme. Son graphisme est net, précis, proportionnel, pointu, émouvant dans la gestion des expressions de ses personnages et colorisé avec grand soin.
Un bien bel ouvrage, imparable et douloureux, qui se veut honorifique et qui suscite une bonne dose d'émotions. A lire !
Basée sur une histoire vraie, à l’ombre du convoi est un récit poignant et admirablement bien construit. Il tourne autour de trois personnages principaux, Olya la juive, Théo le belge et Wilhem de la Schutzpolizei. Leurs destins se croisent au fil des tomes, leurs histoires sont évoquées individuellement et apportent à chaque fois un nouveau point de vue sur la guerre. Plus que ces trois protagonistes, des flashbacks de la première guerre mondiale montrent que leurs destins étaient liés dès leurs parents, également connectés les uns aux autres. Technique narrative extrêmement complexe mais réalisée sans accroc par Kid Toussaint.
La guerre en images
Les illustrations de José Maria Beroy apportent au récit un mélange entre film et documentaire. L’attention portée aux détails architecturaux, aux personnages, aux scènes de bataille est impressionnante. Tel un documentaire, nous voyons les actualités se dérouler en noir et blanc avec pour seul détail de couleur, le rouge hypnotique du drapeau nazi qui n’est pas sans rappeler la liste de Schindler. Le choix d’un dessin presque à l’américaine et la mise en couleur informatisée permettent une certaine distance avec le sujet dramatique. Un mal pour un bien ?
A l’ombre du convoi est un diptyque poignant qui, mieux qu’un énième récit de guerre, s’attarde sur l’individualité de trois personnages diamétralement opposés et les circonstances qui les ont amenés là où ils en sont. Une très bonne bande dessinée historique qui plaira non seulement aux amateurs du genre, mais dont le côté romancé pourra également séduire un plus grand nombre.
par armelle le 27/03/2013